Vaucluse Matin 10 janvier 2002

AVIGNON

Violée et assassinée

Marie Andrée Fesquet, tuée sauvagement chez elle dans la nuit de lundi à mardi, a d'abord été violée. C'est ce qu'a confirmé l'autopsie pratiquée hier matin à Nimes. Cette nouvelle accablera encore plus tous ceux qui avaient connu et aimé cette femme pleine de vie Passionnée de chanson. Et qui n'avait peur de rien.

Marie-Andrée Fesquet, assassinée chez elle. dans le quartier des " Neuf Peyres " à Avignon au cours de la nuit de lundi à mardi (lire notre édition d’hier) a d’abord été violée. C’est ce qu’indiquait hier le substitut Stanislas Vallat, commentant les conclusions de l’autopsie pratiquée le matin même à Nîmes par les Drs Matarese et Giorgi. Le représentant du Parquet d’Avignon précisait que le décès pouvait avoir eu lieu lundi soir autour de minuit. Mais après, peut-être, de longues heures d’agonie. Il ajoutait que les causes de la mort étaient doubles. Elle a été provoquée, d’une part, par les coups très violents portés à la tête. Que l’assassin a semble-t-il frappée sauvagement contre le mur. Mais elle peut être attribuée, également, à un éclatement du foie. Qui lui même s’explique par le fait qu’un objet a été introduit avec une extrême violence dans le sexe de la victime. D’où la qualification de " viol avec acte de barbarie ayant entraîné la mort qu’a finalement retenue le parquet d’Avignon pour l’enquête de flagrance. Marie-Andrée Fesquet avait 69 ans. Elle était Originaire d’Aigues-Mortes dans le Gard. C’est là que sont enterrés ses parents. Et c’est là qu’elle sera elle même inhumée.

Elle est arrivée dans la région après avoir épousé un Avignonnais. Le couple s’est installé d’abord aux Angles, ou il a fait construire une maison, avant de déménager à Avignon dans le quartier de la Croix des Oiseaux. Ils ont eu quatre enfants : un fils, qui habite au Pontet, et trois filles. Deux d’entre elles habitent Sorgues, la troisième Los Angeles où elle travaille dans l’industrie du cinéma. Ils ont plusieurs petits-enfants. Divorcée depuis plus de vingt ans, Marie-Andrée Fesquet a acheté toute seule 1a petite maison de la rue du Gai Savoir, à Avignon. Où elle vivait avec un chat et deux chiens. La maison où elle a été assassinée. L’essentiel de sa carrière professionnelle, Marie-Andrée Fesquet l’a passé au centre hospitalier d’Avignon, où elle a longtemps travaillé comme aide-soignante. Mais sa vraie vie, c’était la chanson. Ses amis l’ont entendue leur raconter que, quand elle était jeune ses parents ne voulaient pas qu’elle chante. Elle s’est bien rattrapée depuis... Surtout depuis qu’elle était à la retraite, il y a 4 ou 5 ans. Elle chantait bien sûr dans toutes les fêtes de famille. Mais elle se produisait beaucoup, aussi, dans des maisons de retraite et des foyers du Troisième Age. Son heure de gloire, Marie-Andrée Fesquet l’a connue en 1998, quand elle a été élue "Super mamie de toute la région PACA". Elle était alors montée à Paris pour la finale nationale. Elle avait terminé quatrième. Tous les amis de Marie-André Fesquet sont effondrés par la nouvelle de sa mort tragique. " Un être adorable, d’un charisme exceptionnel. Qui faisait face à la vie avec courage, toujours optimiste malgré les épreuves " a seulement pu dire son amie Mercedes, les larmes dans la voix. "Des épreuves qu’elle traversait en chantant". Lucien, un autre de ses amis, se souvient qu’elle n’avait peur de rien: " Elle allait se produire dans le Gard ou dans les Bouches-du-Rhône. Elle rentrait seule en voiture à 4 ou 5 heures du matin. On lui demandait si elle n’avait pas peur. Elle nous répondait : que voulez vous qu’il m’arrive??".

Marie-André Fesquet faisait partie de l’association "Vivre et chanter" basée à Nîmes. Michel Sitjar, son président, se souvient qu’il l’avait rencontrée il y a 5 ans à un cours de chant. Ils avaient ensuite constitué une petite troupe qui s’est produite à de multiples reprises, depuis, dans le Gard et le Vaucluse principalement. Au théâtre d’Avignon par exemple, dans le cadre des après-midi de l’Age d’Or offerts au Troisième Âge. "C’était un pilier de l’association nous a-t-il déclaré avec émotion. Elle chantait les chansons d’Edith Piaf. Elle avait une voix qui ressemblait beaucoup à celle de Piaf, Elle chantait aussi Mireille Mathieu, dont elle connaissait bien la famille... Elle était toujours de bonne humeur et sa joie de vivre était communicative". Michel Sitjar nous a précisé que le 29 janvier, au théâtre d’Avignon, avec le concours de Susy Bonnet, responsable de l’Age d’Or, sa troupe proposera un spectacle dédié à Marie-Andrée Fesquet. Dans sa rue du Gai Savoir, ou tout le monde ne parle plus que de ce drame atroce, on se souviendra toujours d’elle comme de cette voisine qui chantait. Car elle chantait aussi chez elle. Elle s’entraînait, avec son micro et son magnétophone, devant la glace du salon. Là où l’on a retrouvé son corps..

L’enquête, quant à elle, va entrer dans une phase nouvelle. On sait qu’elle a commencé mardi matin aussitôt après la découverte du drame. Par une amie qui venait chercher des journaux et boire le café avec Marie-Andrée Fesquet. Une amie qui a indiqué aux enquêteurs que la télévision marchait à tue tête... Après une première journée consacrée pour l’essentiel au travail de police scientifique sur le terrain, les conclusions de l’autopsie vont marquer pour l’enquête un nouveau départ... Le substitut Stanislas Vallat a exprimé hier après-midi le souhait que les policiers de l'antenne Avignonnaise du SRPJ de Montpellier, chargés de l'enquête, "emploient le maximum d'énergie et d'effectifs pour retrouver les auteurs de ce crime. De ce crime hors du commun par sa sauvagerie".

Michel REMBERT

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Dès les premières heures de la découverte du crime, les enquêteurs se sont efforcés de rassembler un maximum d'indices.

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