La Provence 25 Septembre 2002

AVIGNON / Meurtre de la supermamie

Retour des meurtriers présumés sur la scène de l'horreur

Ce soir, à partir de 20 heures, les deux auteurs présumés du meurtre de Marie-Andrée Fesquet participent à une reconstitution judiciaire qui se déroulera sous haute protection, dans le quartier des Neuf Peyres, à Avignon

L’annonce de la découverte au matin du 8 janvier 2002 du corps atrocement mutilé de Marie-Andrée Fesquet, élue Super mamie Paca 1998, a soulevé un mouvement d’effroi. A Avignon, où cette dame qui se dévouait auprès des personnes âgées jouissait de l’estime de tous, mais aussi plus largement au-delà des frontières du Vaucluse.

Dans un climat tendu, en raison de l’horreur de l’acte, les agents de la police de proximité ont recueilli un précieux témoignage qui confirmait la rumeur qui grondait dans le quartier “c’est la cité qui a livré les coupables” avait alors commenté une source proche de l’enquête.

Interpellés, Jamel Boumajan, 18 ans, et un mineur, âgé de 16 ans, étaient au terme de leur garde à vue mis en examen de “viol avec tortures ou actes de barbarie, meurtre accompagné, suivi d’un autre crime et complicité de meurtre”.

Près de 9 mois après, ces deux jeunes gens, qui se sont connus dans le quartier voisin de la grange d’Orel, vont retourner sur les lieux de l’horreur. Le magistrat instructeur, Jean Claude Pierru, va procéder aujourd’hui, à partir de 20 heures à la reconstitution de ce crime odieux afin de vérifier les déclarations des deux mis en examen.

Jamel et le mineur ont reconnu leur participation au cambriolage mais nient avoir commis les actes les plus graves. S’accusant l’un et l’autre.

Tous deux ont admis lors de leurs auditions devant le magistrat instructeur s’être rendus au domicile de la vieille dame, rue du Gai savoir, le soir du 7 janvier 2002. Ils sont passés par le jardin et ont attendu sur la terrasse qu’elle ferme ses volets.

Lorsqu’elle a ouvert la fenêtre Jamel s’est précipité sur Mme Fesquet et les deux voleurs sont entrés dans la maison. C’est à ce moment-là que leurs versions divergent.

Selon le mineur, défendu par le bâtonnier Patrick Gontard, Jamel aurait frappé violemment Mme Fesquet alors que lui même était occupé à fouiller le logement. Le mineur aurait été effrayé autant par la violence de Jamel que par son rire au moment des faits. Il a pris la fuite après avoir vu Jamel enfoncer à coups de pied un micro dans le vagin de la victime.

“Jamel nie farouchement l’accusation et la cabale montée par le mineur et ses amis qui le chargent depuis le début de I‘affaire” a commenté Me Louis Alain Lemaire qui assure sa défense avec Me Valérie Cama.

Jamel admet avoir giflé “inconsciemment” à deux reprises Mme Fesquet après l’avoir ceinturée. Mais pas plus. La reconstitution sera, selon les différentes parties, unanime sur ce point, l’occasion de faire la part de la vérité en vérifiant, point par point les déclarations des mis en examen.

Des jeunes qui auraient cambriolé cette maison par défaut ils n’avaient pas trouvé de pied de biche pour aller en “visiter” une autre et savaient, pour l’avoir observé, qu’il serait facile pour eux de rentrer chez la “super mamie”.

 

Bruno HURAULT

 

 

“Pour faire son deuil, la famille a soif de vérité”

 

La reconstitution du meurtre de Mme Marie Andrée Fesquet est un acte judiciaire très important pour les parties civiles. Me Marc Geiger, du barreau de Carpentras, nous a confié que Michele, Cathy et Philippe, les enfants de la victime qui ont “soif de savoir” sont aujourd’hui partagés entre deux sentiments “celui de connaître la vérité et la peur de l’horreur”. 

Mais poursuit l’avocat, il est peu probable qu’ils aient une réponse à la question qui les hante, “savoir pourquoi plus que savoir comment”. 

C’est dans cet état d’esprit qu’ils vivent depuis l’annonce de ce drame horrible. Philippe, l’un des enfants de Mme Fesquet nous avait confié en janvier 2002 : “Ils ne sont pas les seuls responsables. C’est un fait de société avant tout. Cela aurait pu arriver à n’importe qui. Il faut que tout le monde comprenne ça: ces jeunes ont frappé au hasard, et on doit savoir que comme la foudre, ce genre de drame peut vous frapper à tout moment”.

Me Marc Geiger espère que cette reconstitution soit le moyen de mettre en évidence les contradictions des deux mis en examen “qui ne cessent de se renvoyer la balle”. Allant jusqu’à mettre en cause un tiers dans la commission des faits les plus atroces.

Sur les lieux, des éléments de réponses seront apportés aux questions posées dans le dossier “car la vérité doit éclater”... “Je serais là pour les pousser au bout du mensonge”, glisse l’avocat, connu pour sa

 pugnacité.   

B.H