Vaucluse Matin 25 janvier 2002

VAUCLUSE : MEURTRE DE LA SUPER MAMIE

Les jeunes barbares sous les verrous

A l’annonce de l’interpellation de deux jeunes gens impliqués dans le meurtre de Marie-Andrée Fesquet, les proches et les riverains de la rue du Gai-Savoir ne cachaient pas leur stupeur. "C’est une affaire abominable" confiait hier Michel Sitjar, président de l’association "Vivre et Chanter". Lui qui a été entendu, comme tous les autres, par les policiers du SRPJ d’Avignon: "Ils m'ont demandé si j'avais un micro, je ne savais pas pour Marie Andrée, je leur ai montré les deux micros qui étaient dans la valise". Des policiers qui n’ont négligé aucune piste et qui ont abouti "Je félicite la police" déclarait M. Munoz un voisin de la super mamie qui, lui non plus, n’en revient pas. Au quartier des Neuf-Peyres l’ambiance était la même, les jeunes interrogés ne comprenaient pas pourquoi Jamel, 18 ans et demi s’était livré à de tels actes barbares sur une dame âgée de 69 ans. Nombreux étaient ceux qui décrivaient son complice mineur comme étant son souffre-douleur. Incompréhension et dégoût, tels sont les sentiments de tous ceux qui ont appris l’horrible vérité "Des jeunes de 16 et 19 ans, ce n’est pas croyable" ajoutait Michel Sitjar catastrophé qui ne peut oublier le sourire et la joie de la super mamie tuée pour quelques billets, pour une rumeur qui faisait état d’une grosse somme d’argent de 50 000 francs (7622,45 €) qu’elle aurait eue en sa possession. "Elle ne gardait jamais d’argent chez elle". Jamel, tout juste sorti de l’adolescence, mais déjà bien connu des services de police avait eu cette information, il était convaincu que la super mamie avait de l’argent, et puis elle était une vedette en région Paca. De là à penser que le bas de laine était plein de billets, un pas qui a été franchi par ce dernier et un complice âgé de 16 ans et demi. Un vol avec violence qui s’est soldé par un véritable massacre et que nous avons relaté dans nos précédentes éditions. Hier, les deux jeunes gens ont été entendus par le juge d’instruction. Jamel Boumajan a été mis en examen pour "viol avec acte de torture et barbarie, meurtre sur personne vulnérable". Le mineur a été mis en examen pour complicité sur ces deux crimes. Tous deux ont été écroués à la suite de leur passage chez le juge de la détention et des libertés.

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Le commissaire Lemagnen et le substitut du procureur Vallat se sont félicités du travail accompli par les policiers.

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A sa sortie du palais de justice, l’auteur présumé de l’horrible meurtre commis sur Marie-Andrée Fesquet le 7 janvier, a été écroué.

Interpellés grâce au sens civique de la population du quartier

Au cours d’un point de presse, le substitut Stanislas Vallat a tenu à féliciter les policiers du SRPJ pour l’enquête qui a été réalisée. Pour sa part, le commissaire Guillaume Lemagnen, chef du détachement avignonnais du SRPJ de Montpellier a remercié les fonctionnaires de la sécurité publique et notamment la police de proximité "Ils nous ont permis de remonter jusqu ‘aux auteurs". Des informations précieuses recueillies au cours d’une enquête qui s’avérait difficile "Les langues se sont déliées dans le quartier" a poursuivi le substitut Vallat. Il n’en fallait pas plus, grâce au sens civique de la population ce crime n’est pas resté impuni.

Les deux auteurs présumés sont à présent sous les verrous, mais pour le commissaire Lemagnen "l’enquête n’est pas encore finie". Il reste encore de nombreux points à afiner, comprendre pourquoi de tels actes de barbarie ont été commis sur une personne âgée alors que les deux individus n’auraient eu pas l’intention de tuer selon leurs déclarations.

L’intention n’y était peut-être pas, mais Jamel l’auteur présumé du crime n’a pas semblé très ému lors de son interrogatoire. Il était connu au quartier des Neuf-Peyres comme étant "violent". Il avait eu affaire à la police et à la justice, le 14 janvier dernier lors du vol avec violence d’un cyclomoteur au quartier du Pont-des-Deux-Eaux. Les policiers ne savaient pas encore qu’ils avaient en garde à vue le meurtrier présumé de la super mamie. Mais comment pouvaient-ils le deviner ? Le substitut Vallat a tenu à préciser hier que les renseignements recueillis par la police judiciaire sont parvenus bien après son interpellation pour le vol du cyclomoteur. Son jeune complice, originaire de l’Oise, arrivé à Avignon depuis quelques mois, n’est pas inconnu de la justice, puisqu’il a été placé "en liberté surveillée préjudicielle jusqu’au mois de mars 2002" date à laquelle il devait être convoqué par le tribunal pour enfants. Au mois de mars 2001, il avait été interpellé à la suite de violences volontaires et en réunion. Un mois plus tard, il était de nouveau entendu pour des recels de vols et le 31 décembre dernier, il était impliqué avec Jamel pour un vol avec effraction commis en réunion.

Claude RUIZ

Marie-José Roig heureuse et indignée

"Je tiens à saluer l’efficacité et la rapidité des enquêteurs qui(...) ont réussi à répondre à l’immense émotion des Avignonnais après le crime atroce dont a été victime l’une des personnes les plus attachantes de notre cité. L’âge des agresseurs, 16 et 19 ans, provoque stupeur et consternation et nous démontre que notre société (...) devient chaque jour davantage le théâtre passif d’actes de torture et de barbarie perpétrés par les plus jeunes. Comment deux jeunes (...) ont-ils pu basculer ainsi dans l’horreur ? Pourquoi étaient-ils toujours en liberté le 7 janvier, jour du meurtre, alors qu’ils avaient commis un cambriolage le 31 décembre, pour lequel ils avaient déjà été interpellés(...), puis relâchés ? Quelle réponse notre société avait-elle apporté à ces premiers dérapages qui (...) portaient en germe une violence beaucoup plus grave ? "Ces questions, très tristement mises en lumière aujourd’hui à Avignon, constituent bien un des principaux enjeux auquel doit faire face sans délai la France et pour lequel nos concitoyens attendent des réponses urgentes, concrètes et fermes".

La colère de Jacques Bompard

Jacques Bompard, maire d'Orange, conseiller régional, "félicite la police nationale qui a arrêté les assassins de Mme Marie Andrée Fesquet, dite "super mamie". "Ce meurtre horrible commis par des êtres barbares ne mérite aucune circonstance atténuante". Il pose "la question du rétablissement de la peine de mort et celui du droit à une vraie justice pour les victimes. "Tous les sondages prouvent que les Français sont favorables à ce retour de la peine capitale". Toujours selon le maire orangeois : "seule la classe politique et une poignée d’intellectuels décadents s’y opposent, bafouant ainsi la démocratie et le droit du peuple à décider".