La Provence 20 février 2002
INSECURITELe fils de la super mamie
refuse la récupération politiqueLa famille de Marie-Andrée Fesquet, tuée le 8 janvier, organise une marche citoyenne samedi à Avignon, crée une association et refuse que le FN s’empare de cette cause
Les enfants de Marie-Andrée Fesquet, la "super-mamie" d’Avignon ont plongé dans l’horreur le 8 janvier dernier en apprenant le meurtre horrible de leur maman. Cathy, Michèle, Philippe et leur famille ont réagi en créant une association. Ceci pour "conserver la mémoire de Marie-A ndrée Fesquet" mais aussi pour "influer directement sur les pouvoirs publics et les dirigeants politiques sur les problèmes d’insécurité vécus au quotidien ". Depuis l’annonce de sa création 200 personnes ont contacté l’association selon Philippe Hermet, le fils de Marie-Andrée Fesquet. "Ces gens qui adhérent témoignent de leur ras-le-bol et veulent faire avancer les choses pour mettre un terme à l’insécurité ". Mais il rejette aussitôt toute idée de récupération. "Nous nous inscrivons dans un mouvement citoyen. Apolitique. Notre action a pour but de réveiller les consciences pour que les citoyens se prennent en main, Il ne s'agit pas pour nous de brandir à tout moment la dépouille de notre mère mais de témoigner de cette exaspération. Les gens en ont assez d’être victime d’agressions, de racket, de vol de scooter. L'insécurité, cela va de l’incivilité au plus atroce que l’on a connu." Il veut aussi agir au quotidien, au-delà des échéances électorales. "Le bulletin de vote est un moyen d’exprimer ce sentiment de mal-être mais le politique lorsqu‘il est élu ne va pas au bout des choses. Pour porter ce message nous allons initier, dans chaque département la création d’associations contre l’insécurité et pour le droit des victimes. Un collectif fera remonter les idées. De ce vrai débat citoyen vont surgir des propositions concrètes qui devront êtres prises en compte par les pouvoirs publics."
La volonté de Philippe Hermet est de lancer ce débat en évitant que les extrémistes s’en emparent. "Le Front national a cherché à nous récupérer (Jean-Marie Le Pen est vendredi à Avignon). Nous ne voulons pas de cela car ce serait à nos yeux une profanation morale ". martèle Philippe Hermet qui déplore la dérobade des autres partis politiques sur le sujet. "Il n’y a aucune proposition comme si les citoyens étaient des pestiférés. Il faut aller au devant des gens, les rencontrer car sinon on fait la part belle aux extrémismes. Les politiques se sont précipités à Toulouse. L’insécurité industrielle fait moins peur mais aujourd’hui il faut aussi aborder avec courage les problèmes de délinquance."
L’association estime que le cortège qui remontera samedi la rue de la République rassemblera un millier de personnes désireuses de "témoigner de leur inquiétude face à la montée en puissance de la violence et de la délinquance dans notre pays et particulièrement à Avignon ". "Nous voulons faire de ce moment un hommage à maman," témoigne son fils. "Sans slogan ni banderoles." "Maman portait un message de paix ", conclut son fils Philippe qui aimerait voir dans le cortège les politiques de tout bord mais en tant que citoyens engagés.
Bruno Hurault