Vaucluse Matin 30 janvier 2002
L'après-midi de l'Age d'or était hier consacrée à Marie-Andrée Fesquet, la super mamie sauvagement assassinée le 7 janvier dernier. De très nombreux Avignonnais étaient venus apporter leur soutien aux enfants de la victime mais aussi crier leur colère et réclamer que justice soit faite...
Les spectateurs de l’après-midi de l’Age d’Or, hier, n'avaient pas le cœur à la fête. S’ils s’étaient massés, en nombre, sous les voûtes dorées de l’opéra théâtre, c’était avant tout pour dire leur colère, leur indignation face à l’innommable. Témoigner de leur amertume, de leur crainte et peut-être, comme les enfants se serrent pour affronter la nuit, affronter ensemble leur peur. Suzy Bonnet, en parfaite hôtesse de la manifestation, avait beau se démener pour amener un peu de légèreté dans la salle, elle ne parvenait pas vraiment a faire voler en éclats la chape de plomb qui s’est abattue, dès les premières minutes, sur les spectateurs.
L’émotion était palpable, lorsque les lumières se sont éteintes et que la voix de Marie-Andrée Fesquet a surgi des hauts-parleurs, comme revenue d’outre-tombe. "Emportée par la foule"... La bande son, formidable machine à remonter le temps, a livré aux spectateurs le souffle vivant de la Super Mamie 97. L’espace de quelques minutes, longues et denses, sa présence a empli le théâtre faisant frissonner l’assistance. Dans une loge, les enfants de Marie-Andrée, accompagnée de leur avocat Me Marc Geiger du barreau de Carpentras, surmontaient leur peine pour faire face dignement.
"Je demande la mort pour les assassins"
Marie-Josée Roig, maire d’Avignon est ensuite apparue sur scène pour saluer celle qui "aurait dû être là". . En effet, si le destin de Marie-Andrée Fesquet n’avait pas croisé celui de la démence et de la barbarie, l’Avignonnaise d’adoption aurait interprété la célèbre chanson de Liza Minelli "New York New York". Un hymne à la tolérance pour cette ville meurtrie par les attentats du 11 septembre et un hommage au pays d’accueil d’une des filles de la défunte. « Marie-Andrée vivait pour ces moments éblouissants où elle savait donner généreusement. Aujourd’hui il n’est pas question de parler des conditions dans lesquelles elle est morte, mais de continuer à l’aimer » devait déclarer le maire. Un silence suivit, proche du recueillement. Puis, une voix s’éleva dans la foule muette. « Je demande la mort pour les assassins » cria une femme. La colère prenait alors le pas sur l’émotion. Une salve d’applaudissements venait encourager les propos de cette spectatrice qui rassemblait visiblement derrière elle de nombreux suffrages...Plus tard, Michel Sitjar, président de l’association gardoise "Vivre et Chanter" devait lire un message, écrit par Philippe et Catherine, deux des enfants de Marie-Andrée Fesquet. « Au delà du malheur qui nous a touchés, il faut penser au crime sordide, au combat à mener contre l’insécurité et sanctionner de façon capitale cette délinquance. Il faut faire en sorte que les choses changent, c‘est pourquoi nous allons nous regrouper pour influer sur nos élus. » A l’entracte, ils étaient nombreux ceux qui, déjà, voulaient apporter leur soutien matériel et moral à cette association en devenir...
NoëIIe RÉAL.
Mme le Maire, Marie-Josée Roig et Suzy Bonnet.
«C’est la colère et la haine!»
Josette s’est levée. Comme à l’école pour prendre la parole, elle a levé le bras et d’une voix mal assurée a crié « Je demande la mort pour les assassins! ». La foule a répondu « Bravo ». Aujourd’hui, à la barbarie, ne trouverait-on plus d’autre réponse que la barbarie ? « Ils n’ont eu aucune pitié, nous ne devons en avoir aucune! » dit-elle. OEil pour oeil... Si Josette ressent « beaucoup d’émotion » elle a surtout, dans son cœur, « de la colère et de la haine. »Régulièrement, elle rencontrait Marie-Andrée, dans les allées d’un supermarché du quartier où elles habitent toutes deux. Le crime atroce dont la super mamie a été victime renvoie à tous l’image d’une société à la dérive minée par la violence. Quelques minutes auparavant, sur scène, Emmanuelle, une jeune étudiante qui a vécu avec la défunte, livrait un message tiré de la Bible. « Jésus est amour » prônait la jeune fille portée par les "hourras" des 900 spectateurs.
Colère et indignation habitaient cette spectatrice.